8 Février 2015

Comme à leur habitude, les 3 frères et sœurs dirigeants, ainsi qu’Hubert , Directeur technique et seul membre du CODIR (Comité de direction) non issu de la famille, se retrouvent chaque vendredi au restaurant Christopher COUTANCEAU,  très bonne table Rochelaise en bord de mer, pour déguster les produits locaux, huitres, oursins, et coquilles Saint Jacques. C’est un rituel qu’ils ont institué depuis 20 ans et qui leur permet d’échanger de façon informelle, sans agenda très précis, sur les questions clés de la conduite de leur maison. Et bien sûr, les propositions du consultant David GRIMBERT sont en ce moment au cœur des débats.

Les 7 gros chantiers sont

  • la mise en place de comptes clés associée à une approche internationale inter filiale
  • une stratégie déclinée en management par objectif
  • l’amélioration continue
  • la construction d’un référentiel de valeurs maison
  • la mise en place d’actions visant une meilleure QVT ( qualité de vie au travail)
  • le développement de l’innovation
  • l’engagement des salariés

Les avis de chacun sur la pertinence de chaque chantier divergent :

Edouard lance les débats

  • Alors, les amis, que pensez-vous des chantiers que nous proposent David ?
  • (Guillaume) C’est une vraie révolution ! On rentre, avec ces 7 chantiers, dans les 7 jours de la création du monde, c’est enthousiasmant !
  • (Hubert) Oui, mais est ce que nous parlons des 7 merveilles du monde ou des 7 pêchés capitaux, là est la question …
  • (Anne Sophie) Mmouais, j’espère surtout qu’on ne joue pas au jeu des 7 erreurs ! Est ce que nous ne serions pas en train de nous lancer dans les 7 années qu’il a fallu pour construire la Tour de Babel ?
  • (Edouard) Ma très chère sœur, la prise de risque n’a jamais été ton fort, je te reconnais bien là ! La vraie question est de savoir ce que nous sommes le plus prêts à assumer, et je prendrai plutôt les références culturelles de David : voulons-nous ne pas changer, résister jusqu’au dernier souffle et mourir ensemble sur la montagne de MASADA, assiégés non pas par les romains, mais par des clients que nous ne savons plus satisfaire, des concurrents qui innovent, et globalement un monde qui change ? Ou voulons nous faire pousser nos 7 branches de la menorah pour s’adapter à ce monde qui change et répondre aux exigences nouvelles de nos clients, … et aussi, quelque part, de nos jeunes salariés qui nous renvoient souvent notre pesanteur, nos process sclérosants et notre incapacité à laisser de la place à l’initiative et plus de souplesse dans nos fonctionnements
  • (Guillaume) Changer, il faut changer !
  • (Edouard) Qu’en pensez-vous Hubert, notre sage « Consilieri » ?
  • (Hubert) Eh bien pour rester sur le chiffre 7, je pense plutôt aux 7 notes de musique, et je me dis que c’est à nous de monter la composition la plus juste, de façon à ce qu’elle soit harmonieuse ; en d’autres termes, regardons les chantiers un par un, et définissons les priorités et le rythme de déploiement. Les 7 notes sont toutes là, et nous avons échangé longuement avec David pour définir notre vision sur chacun des 7 projets ; je crois donc que, de la même façon que les 7 notes sont là et ne disparaitront pas, chacun de ces 7 projets fait sens pour nous. Ce sont les piliers de la vision que nous avons défini pour notre maison, lors de notre séminaire « Vision bleue » du 11 décembre, et je propose que nous ne les remettions pas en cause.
  • (Edouard) C’est très juste Hubert, c’est très juste, vraiment
  • (Les autres) …..
  • (Hubert) Par contre, nous pouvons nous atteler au cadrage plus précis de chacun des projets, et, je me répète, définir les priorités entre les projets, le rythme de déploiement de chacun, et des jalons nous permettant de mesurer notre progression. Pour cela, prenons la précaution de définir des portées de réalisations acceptables, sur des délais raisonnables. Et c’est là que je serai quand même très prudent, car je pense que nous voulons faire trop de choses en même temps
  • (Guillaume) « Acceptables », « raisonnables », c’est bien beau tout ça, mais nos clients n’attendront pas …
  • (Anne Sophie) Guillaume, ne fais pas ton éjaculateur précoce, ou tu vas décevoir toutes tes conquêtes
  • (Guillaume) Quoi ? En tous cas, ça te ferait du bien de te trouver un gigolo pour te décoincer, tu vieillis Anne So. Si ça continue, tu vas prendre la combinaison d’apiculteur de papa pour aller acheter du pain, au cas ou tu serais piquée par une guêpe
  • (Edouard) Les amis, les amis, gardons notre calme, si nous nous laissons emporter par les émotions, nous allons perdre notre lucidité
  • (Anne Sophie) Edouard, je sais que tu as fait un test sur ton quotient émotionnel avec coaching à la clé et tout le tutim parce que j’ai vu passer ta facture à 4 chiffres, donc oui, conscientiser et maitriser ses émotions, c’est bien, mais on peut être en maitrise de ses émotions et dire des conneries, et tu sais très bien que vouloir changer trop vite, c’est aller droit dans le mur, voire faire marche arrière, et aller vers de la « régression Gamma», comme dit si bien David
  • (Guillaume) C’est quoi la régression Gamma, c’est une lessive ?
  • (Anne Sophie) C’est la phase de creux dans les transitions de systèmes de valeurs, je crois, c’est la Spirale Dynamique, mais cherche pas, t’es trop con pour comprendre
  • (Edouard) Revenons à nos moutons. Tu as raison Anne Sophie, et vous aussi Hubert, nous devons trouver le bon rythme ; et je suis d’accord avec Guillaume que nous devons mettre la priorité sur les chantiers « externes » qui seront les plus visibles pour nos clients, car après tout, les changements que nous désirons sont dictés par eux
  • (Guillaume) Quelle magnifique synthèse, dis donc, tu n’es pas Président par hasard, toi !
  • (Anne Sophie) Oui, belle synthèse « Francois », j’ai l’impression d’être au congrès d’Epinay
  • (Edouard) Donc, les amis, je vous propose que nous nous répartissions la direction des 7 projets !
  • (Hubert) C’est une excellente idée, Edouard, et dans un même temps, nous allons avoir quelques nouvelles recrues clé qu’il serait de bon ton d’impliquer très en amont. Je pense aux futurs DAF, DSI, et Directeur Qualité ; ils pourraient nous apporter un regard extérieur fort intéressant
  • (Edouard) C’est une proposition sage et très censée, Hubert, j’achète !
  • (Guillaume) A ce propos, je trouve que ce serait une bonne chose de recruter des femmes, nous sommes dans un univers un peu trop masculin et cela mettrait une énergie différente dans nos fonctionnements
  • (Anne Sophie) Attends Guillaume, tu nous parles de ton énergie ou de ta libido ? Tu vas nous inventer quoi ? Que c’est la complémentarité et la divergence qui font la richesse au sein des équipes ? Que nous devons remettre des valeurs féminines dans notre équipe de direction parce que nous allons chercher plus de communication, plus de transversalité, moins de testostérone, et plus de coopération ? Non, mais je rêve ! C’est un comble que tu oses me parler de ça avec ton armée de chippendales bien bronzés qui pourraient se pavaner toute la journée sur la plage d’Hossegor la planche de kyte surf au bras !
  • (Guillaume) Je suis désolé ma chère sœur, mais je n’ai pas le choix, le milieu du nautisme est malheureusement très gendré en ce qui concerne le secteur professionnel, Tabarly est passé par là
  • (Anne Sophie) En tous cas, j’ai compris, je rajouterai les mensurations et l’âge des candidates quand je t’enverrai les CV, et puis, de toute façon, c’est pas dans ton périmètre, t’auras rien à dire !
  • (Edouard) Anne Sophie, ma très chère sœur, je crois qu’il y a du vrai dans ce que dit Guillaume, et tu en as très justement donné les raisons : les femmes ont souvent plus d’aptitude à la communication et à l’esprit de coopération, ce qui nous sera essentiel pour travailler un peu plus en transversalité et en mode projet.
  • (Guillaume) Ne me regarde pas avec ton air de chienne battue, ça n’est pas moi qui l’ai dit, Anne So
  • (Edouard) Mais allez allez les amis, la recréation est finie, planifions une réunion nous permettant d’affecter la responsabilité des projets ; et vu que nous ne pouvons pas attendre les recrutements, je propose que nous réaffections ces pilotages de projets lors de l’arrivée de nos nouveaux cadres dirigeants, Hubert. Dégustons maintenant ce merveilleux granité d’extrait de mer au citron vert.
  • (Anne Sophie) Oui papa

 

L’éclairage par la spirale dynamique

 

Nous sommes dans un débat à dominante DQ Bleu, avec le chef qui mène les débats sur le fond, et les autres acteurs très respectueux du chef, chacun à sa façon. Hubert, qui vouvoie Edouard, est dans une expression très conventionnelle ; il vise  à fournir des conseils qui restent « dans la ligne du parti ». Son identité est bien là : être un garant d’une certaine façon de mener les affaires, issue d’un long héritage. Hubert retrouve donc bien Edouard dans un système de valeurs DQ Bleu.  Mais du coup, il est tiraillé comme Edouard, car il ne sait plus s’il doit être fidèle aux codes ancestraux de VB, ou à l’autorité patriarcale d’Edouard, qui l’incite à viser ER Orange … de la part d’un homme, Edouard, lui même en DQ Bleu !  En gros, pour être moins perdu, Hubert aurait besoin de savoir ce qu’Edouard pense vraiment.

Sous ses airs de rebelle, qui adore exister en se frottant à ses 2 frères, Anne Sophie confirme son conservatisme DQ Bleu sur le fond, contrairement à son frère Guillaume, désireux d’avancer plus vite vers du ER Orange. Guillaume veut du ER Orange parce qu’il en est convaincu pour des raisons professionnelles, et non pas parce qu’il voit Edouard exprimer qu’il faut prendre cette voie.  Il se trouve que Guillaume est aussi dans un profil personnel ER Orange, ce qui lui permet de mieux s’affirmer car il est bien aligné. Il pourrait finir par être plus influent qu’Hubert dans la conduite du changement. De plus, vu ses attaques sans scrupules vis-à-vis de sa sœur, il démontre une bonne dose de CP Rouge qui pourra lui être utile pour la suite…

 

A vous ! 

 

Que feriez vous à la place d’Hubert dans cette contradiction qu’il doit gérer ?

 

D’où vient vraiment la colère d’Anne Sophie ? Qu’est ce qui fait que personne ne s’en préoccupe ?